17/9/2022 "Les médicaments sans les mefaits", thème 2022 de la journée mondiale de la securité des patients (reflexions du Dr Jozsef GAbanyi)Read NowQuelques réflexions à l'occasion de la journée mondiale de la Sécurité des patients, et son thème de 2022 « Les médicaments sans les méfaits » par Jozsef GABANYI, médecin gériatre, expert auprès du Comité Crise environnementale et sanitaire. L’Organisation Mondiale de la Santé admet que les soins s’accompagnent de préjudices dans les différents systèmes de santé. Notamment, qu’aux Etats-Unis les erreurs médicales (sic) sont la troisième cause de décès, et qu’au Royaume Uni, un préjudice lié aux soins survient toutes les 35 secondes. Le texte définit la sécurité des patients comme « absence de tout préjudice évitable pour un patient au cours du processus de soins de santé, ce qui suppose notamment de réduire au minimum acceptable le risque de préjudice inutile associé aux soins de santé. » (Sécurité des patients – Rendre les soins de santé plus sûrs. Genève : Organisation mondiale de la Santé ; 2017. Licence : CC BY-NC-SA 3.0 IGO. ) Il est vrai, que les blessures, maladies, finalement les préjudices, peuvent survenir au cour d’un processus de soins. Mais, de fait, les préjudices découlent de choses ou d’éléments naturels. D’abord il y a donc la maladie ou la blessure. L'intervention des soins et des soignants se fait en second lieu. Mais comment interpréter la notion de préjudice inutile associé aux soins? Y-a-t-il des préjudices utiles? Certainement, oui. Prenons l’exemple du cancer. Du fait d’une erreur de réparation cellulaire, une maladie tumorale se développe. Après avoir provoqué des manifestations cliniques, ou par un dépistage, le diagnostic est établi. Les traitements vont être mis en place; La chirurgie ? Inutile de dire à quel point c’est une blessure et un préjudice. La chimiothérapie ? Une deuxième maladie, cette fois toxique, superposée au cancer. La radiothérapie ? nous connaissons tous les effets néfastes des rayons. Pouvons-nous considérer les effets de ces traitement, comme les préjudices utiles ? Tout dépend du résultat final pour l’individu. Cependant, la décision thérapeutique ne peut se baser que sur les études médicales, qui utilisent les méthodes statistiques. Or, les statistiques ne garantissent pas le succès à l’individu. Même en cas d’une efficacité de 90%, nous ne bénéficions pas du traitement dans un cas sur dix. Certes, la sécurité d’usager des soins de santé, autrement dit du patient, doit rester au centre des actions, et nous ne pouvons pas tolérer les faits divers, comme un décès aux urgences après 20 heures d’inattention. Quelle vision a la société sur les soins et les soignants ? Comment est-il possible que la vision de la société sur les soins, la médecine, ne soit autre que celle d'une accumulation de risques et d'erreurs? Que les professionnels de santé soient uniquement considérés comme des responsables des préjudices et des décès Pour arriver à une tentative de réponse, posons-nous des bonnes questions. Cui prodest? Qui sont les bénéficiaires de cette vision? Je m’abstiendrai de donner des réponses, mais invite le lecteur aguerri à effectuer les recherches dans ce sens.
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13/9/2022 ON TUE LES VIEUX dans les EHPAD et les hopitaux du monde entier (Tribune de Dominique predali)Read Now"La situation des personnes âgées dans les Ehpad et les hopitaux : un crime contre l'humanité " par Dominique Prédali, auteur de nombreux ouvrages de référence, experte auprès du Comité Crise environnementale et sanitaire. Les révélations des Fossoyeurs de Victor Castanet ont bouleversé le gouvernement français. Olivier Véran, ministre de la Santé, avait tempéré ‘’si ces faits sont avérés’’ et Brigitte Bourguignon, en charge des personnes âgées, se demandait s’il y a vraiment eu des rationnements sur tout, en précisant qu’elle ne voudrait pas que l'on fasse des généralités.
Quid des enquêtes officielles sur les ‘’dysfonctionnements chroniques’’, des reportages, des études ? Et quid de l’hécatombe de 2020 dans les Ehpad du monde entier qui n’a fait qu’exacerber la crise chronique dans ce secteur ? Les résidents – moins de 1% de la population – comptaient pour 50% à 81% des morts du Covid. Des taux de mortalité parfois supérieurs à ceux de l’Ébola en Afrique (+30%) ont alerté l’épistémologue Sylvain Diamantis qui a prouvé que le défaut de soins tuait plus que le virus. Des résidents sont morts de soif, de faim, de privation de soins médicaux et d’hygiène par manque de personnel qualifié. Les études internationales le confirment. Les Ehpad privés commerciaux, dont les taux d’encadrement qualifiés sont plus bas partout, ont été les plus touchés, mais ‘’il ne s’agit pas de jeter l’opprobre ’’ déclare Catherine Deroche. Et "pas d’Ehpad bashing !" demandent tour à tour Agnès Buzyn en janvier 2018 et Brigitte Bourguignon, en février 2022, alors que ces structures sont financées comme les autres à plus de 70% par les derniers publics dans la plupart des pays industrialisés (Cf. Douze Gériatres en colère, Fayard et DGEN) sans avoir à justifier leurs dépenses (Ibid. et Les Fossoyeurs) . En Europe, sur 220 milliards d’euros alloués pour les soins, une partie de plus en plus importante profite aux investisseurs. Lorsque le ministre français explique qu’il s’agit ‘’de mauvaise utilisation d’argent public’’, il oublie que les fraudes et les soins médiocres vont souvent de pair. Il y a 20 ans, le criminologue John Brathwaite expliquait que la plupart des Ehpad américains épinglés pour la médiocrité de leur prise en charge l’étaient aussi pour fraude à l’assurance maladie. Une technique universelle consiste à augmenter, selon lui, le niveau de dépendance pour obtenir plus d’argent public. Les couches, imposées par le manque de personnel, accélèrent la grabatisation. Rationnées par économie, elles provoquent des infections qui accélèrent la fin de vie (Cf. On tue les vieux, Fayard). La course au profit impose d’économiser sur tout. ‘’Oui, on fait de l’argent avec des petits vieux. Tant mieux, si c’est le résultat d’une bonne gestion’ ! ’ déclarait à Paris Match Luc Broussy, directeur de l’Executive Master de Politiques gérontologiques et de gestion des Ehpad à Sciences-Po à Paris, en septembre 2003. L'Ecole Supérieure de Commerce de Paris a crée un programme pour les cadres d’Orpea. Le directeur financier d’Orpea vantait ’’une discipline de gestion axée sur la maîtrise des charges (Les Échos 14/10/2004.) ’’. Aux États-Unis, en 2007, la sociologue Charlene Harrington témoigne devant le Congrès que ‘’ces chaînes font de l’argent en rognant sur le personnel jusqu’à l’os et en empochant les bénéfices’’. Selon ses études, plus elles sont rentables, plus les dysfonctionnements sont importants. Les Ehpad privés ne sont pas les seuls incriminés, la Cour des comptes les fustige tous. Dito pour les hôpitaux où, depuis des décennies, le personnel dénonce une maltraitance institutionnelle due à l’exigence de rentabilité. Des machines à broyer les vieux Ces machines à broyer les vieux le font en toute impunité avec la complicité des États. Dès 1985, un décret de Georgina Dufoix demande que les malades inadéquats – i.e. âgés – soient chassés hors des soins de longue duréeet transférés dans les maisons de retraite, moins chères mais inadaptées. En 2005, un rapport de l’Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS) confirme que les lits de soins de longue durée coûtent presque le double et sont surdotés en personnel surqualifié. La fermeture des lits de gériatrie (48 000 en 14 ans selon le Quotidien du médecin du 3 juillet 2019), profite aux Ehpad privés. La directrice de l’AP-HP, Rose-Marie Van Lerberghe, en a vendu au Groupe Korian dont elle est devenue présidente du directoire en 2006 et qu'elle a introduit en bourse. Ces liaisons dangereuses entre l’État et les grands groupes sont courantes. Aux États-Unis, leurs lobbyistes contribuent aux campagnes présidentielles et des acteurs politiques des deux partis siègent dans leurs comités de direction, comme au Canada et en Australie (DGEC) . Ceci peut expliquer l’absence d’enquêtes officielles sur l’hécatombe de 2020. On tue les vieux dans les Ehpad du monde entier. Dans ces zones de non-droit, mauvais traitements et défaut de soins ne sont que des ‘’dysfonctionnements’’ graves selon l'expression de la ministre en charge de l'Autonomie des personnes âgées, Brigitte Bourguignon, dans une déclaration au journal Le Monde, le 26 mars dernier. Ces dysfonctionnements empêchent la bientraitance, mais ne relèvent pas de la justice. Ce que les Droits Humains qualifient de torture, les viols, les morts évitables et les homicides, sont tus par les directions, le personnel soignant, la justice et les États. Selon les Nations-Unies, c’est la violation des Droits Humains la moins dénoncée. C’est un crime contre l’humanité qui doit être reconnu de toute urgence. |